Naissance de Vénus
- De sa profonde mère, encor froide et fumante,
- Voici qu’au seuil battu de tempêtes, la chair
- Amèrement vomie au soleil par la mer,
- Se délivre des diamants de la tourmente.
- Son sourire se forme, et suit sur ses bras blancs
- Qu’éplore l’orient d’une épaule meurtrie,
- De l’humide Thétis la pure pierrerie,
- Et sa tresse se fraye un frisson sur ses flancs.
- Le frais gravier, qu’arrose et fuit sa course agile,
- Croule, creuse rumeur de soif, et le facile
- Sable a bu les baisers de ses bonds puérils ;
- Mais de mille regards ou perfides ou vagues,
- Son œil mobile mêle aux éclairs de périls
- L’eau riante, et la danse infidèle des vagues.